Si vous lisez cet article, vous avez sûrement dû lire le précèdent « 1 – Histoire de Poitiers : de l’Antiquité au Moyen Age« , si ce n’est pas le cas, je vous laisse aller le consulter afin que vous puissiez comprendre l’ordre chronologique des choses concernant cette ville regorgeant d’histoires. C’est parti pour la continuité de l’histoire de Poitiers !
XVIème siècle à la Révolution Française
À la Renaissance, la ville connaît un lent déclin économique, acquérant une réputation de cité vieillissante aux rues étroites et sinueuses, incapable de se moderniser. En effet, peu de transformations affectent le tissu urbain à cette époque, mis à part l’ouverture de la rue de la Tranchée et la construction de ponts pour remplacer les anciens gués. Quelques hôtels particuliers sont néanmoins édifiés, tels que les hôtels Jean Baucé, Fumé et Berthelot.
Joachim du Bellay et Pierre Ronsard se lient d’amitié à l’université de Poitiers avant de partir pour Paris. Descartes, considéré comme la seule figure intellectuelle notable après le XVIe siècle, n’évoque l’université que pour la critiquer.
La prospérité de la ville repose principalement sur ses fonctions administratives : justice royale, évêché, monastères et intendance de la généralité. C’est d’ailleurs sous l’impulsion de l’intendance que quelques évolutions apparaissent à la fin du XVIIIe siècle. Le vicomte de Blossac, intendant de 1750 à 1784, aménage un jardin de 9 hectares qui porte son nom, sur un ancien terrain vague, avec des allées rectilignes ombragées, un théâtre de verdure et un kiosque à musique. Il fait aussi démolir la muraille d’Aliénor d’Aquitaine pour aménager des boulevards, permettant à la grande route reliant Paris à Bordeaux de contourner la vieille ville. Dans le même esprit de rationalisation, le Pont-Neuf est érigé en 1778.
Du XVIIIe à l’Empire
En 1780, Poitiers compte près de 20 000 habitants. Elle est la capitale de sa généralité et abrite l’Intendance, l’Université, l’Évêché, vingt-quatre paroisses ainsi qu’un présidial. Bien que profondément catholique, la ville n’échappe pas à l’élan de déchristianisation qui marque le XVIIIe siècle. Un conflit s’installe entre jansénistes et jésuites, où Saint-Aulaire, évêque de Poitiers, se range du côté des jésuites. Cependant, l’université de Poitiers et le chapitre de la cathédrale Saint-Pierre sont fermement jansénistes et gallicans, ce qui entraîne une opposition notable avec le chapitre de Saint-Hilaire, très ultramontain.
Le marquis de Roux, dans son ouvrage La Révolution à Poitiers et dans la Vienne (1911), estime que ces querelles théologiques, ainsi que la montée de l’idéal maçonnique en France, ont contribué aux causes de la Révolution.
La Révolution
Le premier arbre de la liberté est planté le 3 juin 1792, marquant un événement festif au parc de Blossac, où une distribution de pain aux pauvres et un feu de joie sont organisés. Tous les officiels et la garde nationale assistent à la cérémonie. Cet arbre devient un lieu central pour les cérémonies révolutionnaires et les cortèges. C’est devant lui que le cantique des Marseillais (qui deviendra plus tard La Marseillaise) est chanté solennellement pour la première fois à Poitiers, le 21 octobre 1792. À son pied, on brûle le manifeste de Brunswick, des engagements sont pris après la proclamation de la Patrie en danger le 5 août 1792, et des dons patriotiques sont collectés. Il est également le point central de la fête de l’Être suprême, célébrée le 8 juin 1794.
Par la suite, d’autres arbres de la liberté sont plantés, chaque plantation étant l’occasion de festivités et de déplacements officiels. La compagnie de l’Espérance plante le sien le 26 juin, suivie par le club politique des Amis de la Constitution le 4 juillet. Le 11 avril 1793, un nouvel arbre est planté place d’Armes, puis en décembre, deux autres sont installés place de la Révolution (actuelle place de la Liberté) et dans la cour de l’échevinage. Certains de ces arbres meurent rapidement et doivent être remplacés, notamment trois d’entre eux dès février 1794. Celui de la place d’Armes est arraché par une tempête en février 1795, et bien que la municipalité tarde un an à le replanter, la population participe en masse à la nouvelle plantation. L’arbre du parc National est également replanté en 1798.
En dehors des initiatives municipales, des arbres de la liberté sont plantés par les habitants dans divers quartiers et casernes, comme celui de la caserne Sainte-Catherine (aujourd’hui Rivaud) en mars 1794, ainsi que dans l’ancien collège Sainte-Marthe (collège Henri IV), place Montierneuf, les faubourgs de la Cueille Mirebalaise, Saint-Saturnin, la Tranchée et Montbernage, l’École normale, et place du Département (actuelle place du Marché Notre-Dame).
Ces arbres symboliques deviennent également des cibles pour les royalistes. En messidor an VII, ceux de la place d’Armes et de la place de la Révolution sont attaqués à la scie, avec des slogans royalistes peints sur eux.
La République (du XIXe siècle à aujourd’hui)
En 1815, sur le chemin de son exil entre Paris et Rochefort, Napoléon Ier, désormais ex-empereur, traverse Poitiers.
En 1822, le complot carbonaro du général Berton est déjoué. Jugé à Poitiers, il est condamné à mort par le procureur Mangin, et l’exécution a lieu place du Pilori (aujourd’hui place de la Liberté).
Au XIXe siècle, Poitiers devient une importante ville de garnison, bien qu’éloignée des frontières. Plusieurs casernes sont construites, notamment le quartier Aboville aux Dunes, achevé en 1878, destiné à l’instruction des recrues. Il comprend également un parc d’artillerie et un parc à fourrage. Le quartier Dalesme est aménagé dans l’ancien monastère de Montierneuf, tandis que les casernes Rivaud et Sainte-Catherine, cette dernière située dans un ancien monastère, accueillent le 125e régiment d’infanterie. Un champ de tir est également créé à Vouillé, complétant le dispositif militaire.
Sous le Second Empire, Poitiers se modernise quelque peu, notamment avec l’arrivée du chemin de fer. La gare est construite sur les anciens marais de la Boivre, et une rampe est aménagée pour relier le vieux centre, situé 30 mètres plus haut, à la gare (actuel boulevard Solférino). La préfecture est déplacée vers un nouveau bâtiment de style Louis XIII, en brique et pierre blanche, autour duquel est aménagée la place de la préfecture dans le même style.
En 1849, Louis-Édouard Pie est nommé évêque de Poitiers par le pape Pie IX et consacré le 25 novembre dans la basilique de Notre-Dame de Chartres. Figure de proue du courant ultramontain et légitimiste, il fait ériger en 1875 la statue de Notre-Dame des Dunes pour expier les péchés de la Commune. En réponse, la loge maçonnique La Solidarité, fondée en 1889, érige en 1903 une statue sur la place de la Liberté.
C’est fini pour l’histoire de Poitiers, en espérant que cette série d’articles vous aura plû, vous pourrez retrouver les autres articles dans la catégorie « La ville » sur Poitiers et ce que l’on peut y faire, si vous ne savez pas où vous rendre et quoi visiter dans la ville, si vous êtes nouvel arrivant ou que vous souhaitez visiter, n’hésitez pas à lire nos articles !